schoolboy Q
habits & contradictions

RevueÀ ce stade de l’année, on voit mal qui, sur la planète rap, pourrait susciter plus d’enthousiasme que Schoolboy Q. Curieusement, on a peu parlé en France de son deuxième album, Habits & Contradictions, et les critiques sont plutôt rares… Voilà tout de même un condensé de ce que nous avons pu recueillir sur le net à propos de ce beau disque, en espérant que cela vous mettra l’eau à la bouche !

Comme le signale d’entrée de jeu Pascal du site Le Filtre, « à la première écoute, on pourrait penser que Habits & Contradictions n’est qu’un autre album de rap qui parle de […] femmes et d’abus de drogues ». C’est un fait, Schoolboy Q ne révolutionnera pas l’image du hip-hop. Mais il faut reconnaître au rappeur west-coast qu’il a su faire « […] preuve d’innovation en apportant de nouvelles couleurs au rap américain », comme le souligne le site Basket Blanches. Le chroniqueur insiste sur le fait que « l’instrumental partage le premier rôle avec le texte », constat plutôt rare dans ce style reposant avant tout sur le flow, la scansion du chanteur qui se cale sur le rythme, souvent l’élément musical prédominant.

Ainsi, Schoolboy Q a ce mérite évident d’ouvrir cet univers « sclérosé par des stéréotypes souvent un peu faciles », dixit Emma de Funk You Dear. « Non, un rappeur américain n’a pas forcément besoin d’être entouré de gros seins pour exister », poursuit-elle. De quoi réconcilier les réfractaires au genre ? Oui peut-être, car Habits & Contradictions est animée d’une réelle diversité qui fait fréquemment défaut aux disques de hip-hop. Emma le signale dans sa chronique en affirmant que « si on devait trouver une continuité entre les morceaux de l’album, on pourrait chercher longtemps, tant les beats sont variés, riches et complexes ». Cette hétérogénéité, Baskets Blanches l’évoque aussi : « bien que les rythmes restent hip hop, il y a toujours un instrument ou une boucle voire une déviation qui nous emmène dans un autre cosmos ». Exemple parfait, cette utilisation fine d’un extrait de « Cowboys » de Portishead sur le titre « Raymond 1969 ». C’est ce genre de détails, multiples sur Habits & Contradictions, qui  contribuent à élever le rap de Schoolboy Q un peu au-dessus du bitume auquel le genre est souvent lié par des samples lourdauds et/ou des rythmiques pachydermiques.

Le mot de la fin revient à Frédéric de Mowno, qui déclare que « au fur et à mesure qu’on s’enfonce dans cette nouvelle décennie, le hip-hop de Los Angeles semble s’inscrire dans une noirceur singulière, pas vraiment en accord avec le soleil radieux de la Bay Area et le sourire éclatant de santé des blondes californiennes ». Eh oui ! Elle est loin la suavité, la langueur des années 90 marquées par les Snoop Dog et autre 2 Pac ! Des crises multiples sont passées par là, et même si jfdumais fait le constat sur 10kilos.us que « Schoolboy Q […] embrasse […] un genre […] qui préfère [désormais] se concentrer sur l’hédonisme des drogues et du sexe plutôt que d’emmerder tout le monde avec ses problèmes et ses « constats » du monde », il n’en reste pas moins que Habits & Contradictions, comme tout bon disque de hip-hop qui se respecte, est un témoin de son temps. Au moins dans sa forme.

François Corda

Schr

François Corda

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