WOLVES IN THE THRONE ROOM
celestial lineage

DeterreCelestian Lineage est un disque de black metal. On a, à vrai dire, peu d’idées sur la position que le groupe des frères Weaver, Wolves in the Throne Room, occupe dans les classements du genre. Peu d’idées même sur les logiques du classement du genre. L’album est sorti il y a tout juste un an. Et, écoute après écoute, l’émotion suscitée (la mienne en l’occurrence), le frémissement des fluides à l’intérieur du corps, sont les mêmes. Raison comme une autre de revenir sur les éventuels besoins de rêve et de violence qui habitent les humains.

Au départ, sept titres qui sont comme un territoire, une géographie. Quelque chose de minéral entre la glace et la roche. Le vent qui y circule, ce serait le thème : un souffle, une oralité enfouie, dispersée, des archives de titans, bref, du vent, aussi mystérieux que du vent, et aussi agressif que du vent. Pourquoi crier ? Faire de sa voix une force surnaturelle, comme une trace de quelque chose de perdu. Laisser entendre les nœuds de l’âme et du corps. « Thuja Magus Imperium« , le premier titre, ne laisse pas de doute sur la rigueur et l’ampleur du projet, sur l’écriture et sur sa précision : le plaisir est en gestation. Tout l’album sera à cette image. Le titre « Subterranean Initiation«  ira même au-delà : le rythme violent et progressif, la détresse immense, redondante, le cri mystérieux qui ressemble à un vent qui aurait désormais des entrailles.

Ce cri, c’est aussi, forcément, une lutte contre la voix policée, une insulte à l’institution et aux traités de bonne conduite. Il participe d’ailleurs, hors cercles d’amateurs, à la stigmatisation du genre : univers fantasmatique qui serait fondamentalement rétrograde, obscurantiste, spirituellement confus ; modèle moyen-âgeux individualiste et guerrier, passé inventé qui désigne comme paradis perdu un espace où aucun rêve ne porterait sur l’émancipation collective. Or, première réponse à ce procès, ce qui anime l’âge médiéval, c’est le religieux, l’importance des incidents d’ordre spirituel, la préservation de la foi. L’obscurantisme, c’est l’interprétation d’une laïcité sûre d’elle. Seconde réponse : le refus du monde contemporain et de l’injonction à « vivre ensemble » semble plutôt sain quand on sait ce que cette injonction peut comporter de détournements et de contrôle social. Celestian Lineage, et l’album n’est sûrement pas le seul (mais puisque nous y sommes), ce serait comme la recherche d’un accord entre une violence qu’on ne nie pas à tout-va et des histoires construites sur un terreau imaginaire – idéal pour rafraîchir son répertoire de valeurs. On y parle de prières et d’initiation. Le tout dans un univers fait de modulation des écarts, de puissance métallique impressionnante, de mélancolie et d’aventures qui peuvent aussi se faire à plusieurs.bub

Marc Urumi

bub

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Wolves In The Throne Room / celestial lineage

Date de sortie : 13 novembre 2011

 

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