STEREO TOTAL
cactus vs. brezel

DeterreÉcrire sur Cactus vs. Brezel revient ni plus ni moins à faire un focus sur Stereo Total, tant ce nouvel album, comme les précédents, rappelle que le duo franco-allemand n’a finalement pas bougé d’un iota depuis son premier album en 1995. Mais pourquoi cet immobilisme est-il payant, près de vingt ans après leurs débuts alors que leur formule (du yéyé, des paroles positivement débiles, et une touche d’électronique bon marché) n’est a priori pas très engageante ? Hé bien parce que, comme une marque ou un label vers lesquels on se tourne parce que l’on a confiance en eux, Stereo Total détient une formule magique. La leur garantit à ses auditeurs de chanter, rire et danser, chaque nouvel album contenant son lot de promesses à honorer.

La première d’entre elles : retrouver les voix de ce couple inséparable sur disque comme à la ville. Des voix tout en intonations, vivantes et joueuses. Celle, de petite fille délurée et souvent contrariée, de Françoise Cactus. Celle, de ministre des Affaires Etrangères version Groland, de Brezel Goering. Parce qu’ils s’amusent à chanter dans de nombreuses langues (anglais, français, allemand, japonais, russe…) avec des accents à couper au couteau, leurs chansons appellent de nombreux sourires. Le fait de savoir qu’ils ont bientôt cinquante ans, qu’ils se régalent toujours autant à faire les clowns, est, plus que surprenant, un moteur de bonne humeur et d’affection (osons le mot), à leur égard.

Seconde promesse : retrouver immédiatement une fraîcheur dans les mélodies ainsi qu’une désinvolture dans les sons qu’accompagne un savoir-faire dans la composition. Deux accords de guitare, quelques notes de clavier et l’affaire est réglée. On pourrait penser qu’ils se moquent du monde mais l’énergie et l’ambiance sont posées avec une science de la simplicité ébouriffante. Brûlot rock ? Ecoutez les premières secondes de « Jaloux de mon Succès » et vous êtes fixés. Hymne eighties ? La boucle d’introduction de « Die Frau in der Musik » ne laisse aucun doute. Un petit air tzigane ? Le violon de « Cafétéria idéale » vous emporte en Europe de l’Est en deux temps trois mouvements.

Enfin les paroles. Nous pousser à hurler à tue-tête des paroles décalées, ironiques, et souvent sans queue ni tête est une de leurs spécialités. Cactus et Brezel ont le don de capter l’air du temps, et la jeunesse en particulier, tout en faisant croire que leur discours est d’une autre époque (« Nympho-maniaque », « We don’t Wanna Dance »). En tout cas on retrouve chez eux une verve, dans la percussion des rimes et les phrases accrocheuses, pas très éloignée de celle de Gainsbourg, toutes périodes confondues.

Si le discours de Stereo Total reste ainsi ancré dans un ton gentiment protestataire plutôt propre à la jeunesse, si leur musique refuse de s’inscrire dans le présent, en termes de production et de sons, c’est peut-être une manière d’affirmer que les choses n’ont finalement pas beaucoup changé dans le rock’n roll, de leurs années étudiantes jusqu’aux nôtres. Si l’on s’en réfère au potentiel euphorisant de ce Cactus vs. Brezel, on ne peut que leur donner raison. Qu’ils continuent donc jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus, on a le sentiment de ne jamais pouvoir se lasser de leur immuable fantaisie !bub

François Corda

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Stereo Total / cactus vs brezel

Date de sortie : 05 juin 2012

 

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