OSLO, 31 AOÛT
Joachim Trier

RevueIl y a un mois est sorti en salle Oslo, 31 août du réalisateur norvégien Joachim Trier. Comme beaucoup de critiques spécialisés, nous avons aimé ce film que Grégory Coutaut de Film de Culte qualifie d’ « œuvre forte, moins facile qu’il n’y paraît. Un film surprenant à la fois humble, inventif et touchant sur la solitude, qui possède son propre ton, rarement croisé ailleurs, tout en restant très accessible ». Revue de presse rapide et arbitraire sur un des films les plus intéressants de ce début d’année.

Synopsis : c’est le dernier jour de l’été et Anders, en fin de cure de désintoxication, se rend en ville le temps d’une journée pour un entretien d’embauche. L’occasion d’un bilan sur les opportunités manquées, les rêves de jeunesse envolés, et, peut-être, l’espoir d’un nouveau départ…

Au moins deux caractéristiques d’Oslo, 31 août peuvent être mises en avant pour aider à se faire une idée des qualités du film. La première de ces caractéristiques touche à la portée sociale de cette histoire qui dépasse la trajectoire singulière d’un seul individu : « Joachim Trier poursuit avec Oslo, 31 août sa représentation à la fois poétique et amère de jeunes adultes nostalgiques, perdus entre deux âges. Le film raconte vingt-quatre heures dans la vie d’un jeune homme sensible et lucide qui retrouve ses proches et ses repères après s’être un temps coupé du monde. Ces retrouvailles douces-amères sont surtout prétextes à un portrait en creux de la jeunesse, du passage à l’âge adulte et de ses désillusions. » (G. Coutaut) Ainsi le récit va se construire comme une succession de retrouvailles dont la plus forte sera celle avec un ancien ami, Thomas, qui comme le souligne très justement Th. Sotinel du Monde.fr « n’est ni un lâche ni un Bon Samaritain, mais un homme qui se demande s’il vaut la peine de déranger sa vie pour un ancien ami qui a déjà démontré sa capacité à l’autodestruction. » Or, en proposant une « longue description d’un attachement profond entre Anders et son meilleur ami, le film aborde avec lucidité et sans afféteries des thèmes tels que le refus de la pitié, la peur de vieillir ou la difficulté de rétablir le contact, le tout au détour de conversations qui pourraient être celles de deux vieux potes évoquant des souvenirs d’adolescence. » (Julien Marsa de Critikat)

La deuxième caractéristique touche à l’inscription de l’histoire dans ce lieu singulier qu’est la ville d’Oslo, inscription cohérente et qui propose de très beaux moments de poésie grâce à certaines options de mise en scène de Joachim Trier. Par exemple, comme le dit Thomas Sotinel à propos de la « civilité ambiante » que rencontre le personnage principal en traversant de nouveau la ville, cette civilité « va de pair avec le paysage urbain, Oslo, ville douce à vivre, un peu mélancolique en cette fin d’été. La plus belle séquence du film montre Anders dans un café. Il observe les tables autour de lui, s’insinue dans les conversations, imagine leurs prolongements. Ces moments sont mis en scène avec une virtuosité calme, qui, tout en relevant de l’exercice de style brillant (manière originale de gommer la frontière entre réel et imaginaire), continue l’exploration de l’âme tourmentée de notre héros. » Il s’agit en effet d’un exercice de style brillant comme le relève dans son analyse détaillée Cyrille Falisse du Passeur Critique, car « comme ça imperceptiblement Joachim Trier nous promène dans le café d’une conversation à l’autre, avec légèreté, la caméra devient l’ouïe d’Anders… se mêler à la vie sans en faire partie comme s’il était déjà un ange parmi les hommes. »

Oslo, 31 Août laisse ainsi le spectateur dans un état étrange devant le renoncement d’un homme contrasté, renoncement incompréhensible et paradoxalement parfaitement logique dans son mouvement intime. Il s’agit certes, comme l’écrit sur Critikat Julien Marsa, d’« Anders qui n’entend plus les autres (au sens où il ne les comprend pas), mais qui cherche tant bien que mal à prendre le manège en route. ». Il pourrait bien s’agir aussi de chacun d’entre nous, parfois, dans nos moments les plus désespérés. A Oslo ou ailleurs.gg

Jacques Danvin

bub

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Oslo, 31 août de Joachim Trier (Norvège ; 1h36)

Date de sortie : 29 février 2012

bub

Comments
  • Wilyrah

    Une petite merveille, poétique et désarmante.

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