MILLENIUM – THE GIRL WITH THE DRAGON TATOO
David Fincher

RevueComme pour Take Shelter de Jeff Nichols, nous vous proposons à propos du nouveau film de David Fincher, Millenium : the girl with the dragon tattoo, une revue de presse Web grâce à laquelle nous indiquons les idées critiques qui nous semblent les plus importantes pour prendre la mesure de ce très bon film qui révèle un personnage fascinant et livre quelques indices concernant son auteur.

Synopsis : Mikael Blomkvist, brillant journaliste d’investigation, est engagé par un des plus puissants industriels de Suède, Henrik Vanger, pour enquêter sur la disparition de sa nièce, Harriet, survenue des années auparavant. Vanger est convaincu qu’elle a été assassinée par un membre de sa propre famille. Lisbeth Salander, jeune femme rebelle mais enquêtrice exceptionnelle, est chargée de se renseigner sur Blomkvist, ce qui va finalement la conduire à travailler avec lui. Entre la jeune femme perturbée qui se méfie de tout le monde et le journaliste tenace, un lien de confiance fragile va se nouer tandis qu’ils suivent la piste de plusieurs meurtres. Ils se retrouvent bientôt plongés au cœur des secrets et des haines familiales, des scandales financiers et des crimes les plus barbares…

1/ Lisbeth Salander (the girl with the dragon tattoo)

Histoire d’évacuer tout malentendu provenant du titre français (Millenium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes) il faut dire d’emblée que le cœur du film n’est pas l’intrigue policière tournant autour de la disparition de la jeune Harriet Vanger. Comme le souligne avec importance Jacky Goldberg (Les Inrocks) à propos de cette nouvelle œuvre de Fincher, « le cœur battant de son Millenium, la vraie raison qui l’a poussé à accepter ce nouveau film de serial-killer […] c’est Lisbeth et l’actrice qu’il a choisie pour l’interpréter, Rooney Mara. Vénéneuse, surpuissante, insaisissable, machine désirante (et désirable), fantasme de geek fait chair. » Ou comme l’indique pour sa part Robert Hospyan (Film de Culte) au sujet de ce personnage central en faisant référence à deux autres films de Fincher (Alien 3 et The Social Network) : « Par bien des aspects, le protagoniste de cette trilogie en devenir fait penser à un mélange de Ripley et Mark Zuckerberg », à savoir « un personnage à la limite de l’autisme, renfermé sur soi, terriblement seul, une héroïne qu’il déféminise tout en lui conférant un énorme pouvoir sexuel ».

2/ Le rythme du film et la réunion des personnages

Pour Didier Péron et Sabrina Champenois (Libération), l’importance de Lisbeth Salander dans le récit se ressent dans le rythme du film. Si la deuxième partie est nettement plus nerveuse et passionnante, c’est parce qu’en comparaison du journaliste traditionnel Mikael Blomkvist (Daniel Craig), « la punk gothique surdouée Lisbeth Salander, qui finit par lui prêter main-forte alors qu’il patauge, agit comme une accélératrice de particules. Elle échappe aux anciennes règles de la déduction et procède par sauts et embardées logiques. » Jacky Goldberg (Les Inrocks) va même plus loin et précise avec pertinence que dans l’économie du film l’étincelle jaillit enfin lorsque les deux personnages principaux sont dans le même plan. « Dès lors, le film accélère, mue, s’emballe, aussi sûrement que le matou Blomkvist fait défiler les photos-indices sur son Mac (remake de Blow up sponsorisé par feu Steve Jobs), tandis que la panthère Lisbeth, pure créature numérique, ingurgite du data nuit et jour. »

3/ La dualité chez Fincher et le film de commande

Cette dualité qu’incarnent les deux personnages pourtant complémentaires dans le récit renvoie selon Jacques Mandelbaum (Le Monde) à une sorte de division interne de Fincher telle qu’on peut la deviner au fil de sa filmographie. Même s’il force un peu le trait dans sa lecture à deux niveaux (sur le mode « le mystère à élucider dans Millenium, c’est Fincher »), Jacques Mandelbaum voit juste quand il dit qu’on peut trouver cette division dans la thématique de ce film et son traitement, et ce « jusqu’au couple d’enquêteurs qui réunit le journaliste à l’ancienne et la hackeuse dernier cri, dans l’alliance désenchantée desquels s’auto-portraitise Fincher. » Mais plus que cette dualité entre passé et contemporain, le paragraphe introductif de la critique de Robert Hospyan qu’on a déjà évoquée (Film de Culte) a le grand mérite d’expliquer le fonctionnement de Fincher à Hollywood, fonctionnement tout aussi duel, qui clignote entre films de commande et films plus personnels. Et de mettre en avant dans le cas des films de commande cette faculté impressionnante qu’il a à s’approprier les sujets qu’on lui impose.

Jacques Danvinbub

Jacques Danvin

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Millenium : the girl with the dragon tattoo de David Fincher (Etats-Unis, Royaume-Uni, Suède, Allemagne ; 2h38)

Date de sortie : 18 janvier 2012

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