Michael Jackson
thriller

sbpEnterreLa mort de Michael Jackson a ceci de positif qu’elle nous incite à revisiter son œuvre. En ce qui me concerne je découvris le roi par Dangerous en 1991, et c’était cool. Plein de mélodies, un éclatement de styles, du hard à la dance en passant par le funk et la ballade. Depuis, reconnaissons le, Jackson est devenu bien plus qu’une star. Il est devenu icône, en d’autres termes, une forme de saint médiatique trash ; et vu tout ce qui lui est arrivé, notamment ces dernières années (entre un lâcher de bébé, un procès et une mort mystérieuse), il serait malvenu de contester cela. Mais comment un disque aussi mineur que Thriller a pu devenir cet objet sacré ?

En 2009, qui osera défendre avec bonne foi les partis pris sonores d’un album comme Thriller? Les synthétiseurs ne sont jamais utilisés dans un but créatif mais sont directement calqués sur leur modèle acoustique. C’était la mode à l’époque, mais aujourd’hui ce genre de sons appelle, au mieux un sourire nostalgique, au pire, du dégoût. En cela, « Wanna Be Starting Something », qui introduit l’album est un superbe étalon, où une basse synthétique dégueulasse, bien que diablement groovy (rendons à Bambizombi ce qui lui appartient tout de même), concurrence des cuivres qui semblent tout droit sortis d’un Bontempi.

La trilogie magique (on l’appellera ainsi) « Thriller », « Beat It » et « Billie Jean » échappe en revanche à ces défauts gros comme le portefeuille du chirurgien esthétique de MJ. Précisément parce que l’Américain se détache de son style d’origine, le funk dégoulinant et bien propre sur lui. « Thriller » affiche crânement ses ambitions 100 % synthétiques. « Beat It », malgré son solo insupportable rappelant le pire des guitar heros à la Satriani, sent les aisselles et le rock à papa, et c’est cool. Quant à « Billie Jean », il évoque assez brillamment un Wonder sous acide, et ça fait plaisir.

Pour le reste c’est la consternation totale, avec en premier lieu la niaiserie affligeante de la seconde trilogie (que l’on qualifiera gentiment de neuneu). « The Girl Is Mine » (avec l’horrible caution Mc Cartney, ridiculisé à vie), « Human Nature » et « The Lady In My Life », auront sans aucun doute hautement contribué à une certaine forme de pollution radiophonique. Ensuite, est-il vraiment utile de mentionner « Baby Be Mine » ou « P.Y.T », compromis absurdes entre le rose bonbon des titres précédents et l’enfer rythmique de la « trilogie magique ». Voilà on y est, on a fait le tour, et il reste quoi ? Trois très bons titres et c’est tout.bub

François Corda

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Michael Jackson / thriller

Date de sortie : 1er décembre 1982

 

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