Booba
0.9

Deterre« C’est quoi ? C’est d’la 0.9… si si… d’la 0.9… » Comprendre, de la cocaïne, la plus pure, dit-on, sur le marché. Après l’intelligence des débuts (« On m’a dit »), quelques exubérances et un son rond de poupée gonflable (« Baby ton boul c’est de la boulette / J’t’aime tant »), Elie Yaffa ne lâche pas.

Première impression, c’est beaucoup plus lent et un peu plus drôle. Il a changé d’endroit. Toujours aussi incorrect, grande gueule et dopé. L’argent, le cul et l’argent (« Viens dans mon département / Faire de l’argent facile / Pourquoi faire autrement ? », « On me dit B2O, qu’est-ce que tu nous racontes de beau ? J’ai toujours envie de baiser comme un singe Bonobo »). Une idiotie toujours bienvenue. Une obsession. « C’est un pour la monnaie, deux pour la monnaie, trois pour la monnaie, quatre pour la monnaie ». Mais il a changé d’endroit. Il a pris une caméra, s’est enfermé entre quatre murs et nous parle en face-à-face. Pour dire quoi, toujours la même chose : la différence entre ceux qui disent le bien et ceux qui le subissent, les perspectives opposées, la volonté de contrôle d’une population scandaleuse qui ne fait pas ce qu’on lui dit de faire (« C’est nous 92i crew / Prédestinés à rien du tout », « Ma prof m’a dit / Qu’est-ce tu veux faire quand tu seras grand Renoi ?! / Rien / J’veux faire de l’oseille »).

B2O est une énigme. Toujours aussi insignifiant en interview, toujours aussi malin dans l’écriture. Tandis que d’autres rappeurs s’évertuent à le clasher sans verve, Booba enclenche le bazooka pour rire. Dans la cour de l’école, le soldat répond avec de la fraise tagada. Sa cruauté – les alligators et l’Amazonie –, il la refourgue en consoles Nintendo. Grande ironie et grande classe. Et surtout pas d’illusion. Pas de faux-semblants (« J’roule en 4×4, rien à foutre de la pollution »). Pas de beaux discours (« L’important est de gagner / J’m’en tape de participer »). En théologie, il a ses idées : on nous parle d’identité, de racines, de dialogue, il dit les intérêts matériels. Est-ce que c’est la guerre ? Forcément, et Booba le rappelle, dépose un beau glock à l’entrée des églises (« J’me lave le pénis à l’eau bénite ») et salue la foule. Il n’est pas notre ami, mais un idéal de frime. Nous, on écoute, on fait notre reusta. Continuez à dire que c’est mal. Continuez à chuchoter tout bas « Booba ». « Harissa mayonnaise poto / Salade tomates oignons ». Il veut tout, il veut le chaos.bub

Marc Urumi

 

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Booba / 0.9

Date de sortie : 24 novembre 2008

 

bub

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