Miami Vice
Michael Mann

DeterreMarc Urumi m’en voudra peut-être de faire la chronique de Miami Vice avant lui. Car Marc Urumi aime Miami Vice, viscéralement. Comme seul un garçon peut l’aimer. Je parle du film de Michael Mann. Mais je ne vais pas vraiment parler du film, en fait. Je vais simplement m’en servir. M’en servir pour faire comme un acte de foi.

Du film Miami Vice on peut rappeler combien il ne tient pas la route sur le papier. Le film est bourré de défauts. D’aucuns lui reprocheront à juste titre la minceur de son scénario, l’invraisemblance de certaines situations, l’instrumentalisation de certaines relations. Une grenade qui sort de nulle part, une chinoise qui s’appelle curieusement Isabella, la moustache impossible de Colin Farrell, des chuchotements dans une discothèque qui crache les décibels. Marc Urumi dirait peut-être « Y en des qui ne savent pas apprécier l’esthétique du ringard, de la frime ». Mais Marc Urumi n’aimerait pas que je parle à sa place. Alors je vais le dire en mon nom et venir sur le devant de la scène pour reprendre plaisir à vouloir frimer moi aussi. Retrouver le plaisir que m’a procuré un hors-bord traçant la mer en direction de la Havane pour une salsa de débutants qui précède une nuit d’amour one shot. Sentir de nouveau le vide terrassant d’un adieu sur le ponton d’une maison de Floride en bord de mer. S’enorgueillir encore et encore de pouvoir redistribuer les rôles de l’amitié dans ma propre vie. Cette bonne vieille identification qui a besoin d’autre chose que du cliché, de part et d’autre de l’image : la foi. Car ils y croient Foxx et Farrell, sans parler de Gong Li. Ils y sont quand ils disent « Hé Partner! » ou « Excuse me Ma’ame! » pour s’interpeller les uns les autres et ainsi se rappeler qu’il n’y a peut-être pas grand chose de plus à dire, qu’un mouvement de menton suffit finalement, une provocation, un jeu, et la perfection dans les limites de ce jeu. Et en face de leur style, bien calé dans son fauteuil, il y croit Jacques, il se retrouve dans ce Sonny-là. Il s’identifie, il a la foi. Car c’est de ça au fond dont cette chronique fait état. De ce qui fait qu’une émotion sourd malgré tout d’une histoire improbable, de tout ce qu’on peut reprocher à la simplicité parfois grotesque des figures qui traversent et composent le film de Michael Mann. En somme : « Y en a des qui y croient, la pellicule en est la trace ».

Jacques Danvin

bub

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Miami Vice de Michael Mann (Etats-Unis, Allemagne ; 2h20)

Date de sortie : 16 août 2006

bub

 

08/20
Comments
  • Billy

    Avant de découvrir Miami Vice de Michael Mann je gardais en mémoire les cheveux blonds de Don Johnson, des flamands roses et une bonne dose d’humour. Pour le premier passe encore, pour le second, il n’y a pas point, quant au dernier, peut-être mais alors on sent bien que ce n’est pas fait exprès.
    Non, rien à faire, Michael Mann est un sombre boucher, qui charcute tout, de la Musique (Mogwai sacrifié sur l’autel de la beaufitude) jusqu’à l’Amour, ici mystifié en idylle prépubère. Reste la boucherie, forcément pas mal, puisque l’oeuvre d’un boucher.

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