Super 8
J.J. Abrams

EnterrePour aimer Super 8 il faut sans doute aimer l’adolescence. Car le film de J.J. Abrams ne fait que reproduire un regard sur le cinéma qui est celui du début de cet âge. Super 8 est plein comme un œuf d’idées plutôt astucieuses, enchaîne les trouvailles et les informations dans un souffle précipité comme s’il ne pouvait pas s’en empêcher, semble trouver tant bien que mal une indépendance de style mais avec une certaine gaucherie. Ou, pour le dire d’une manière encore plus lapidaire : Super 8 est un film entre deux âges, et ça, ça se sent.

Elle Fanning résume à elle seule les possibles et les limites de ce film. Elle Fanning, jeune actrice talentueuse qui illumine à elle seule le dernier film de Sofia Coppola, Somewhere.Tellement lumineuse et précoce de professionnalisme qu’on s’interroge sur l’étrange maturité des enfants d’Hollywood. Elle Fanning qui dans le rôle d’Alice semble être élevée au carré. Elle y est actrice du film tourné en super 8 par cette bande de gamins stupéfaits comme le spectateur de voir une si jeune fille capable de passer d’un registre de jeu à un autre en un clin d’œil : de l’adolescente gracile à l’épouse éplorée qui cherche à retenir l’homme qu’elle aime, ou encore de la copine bienveillante au zombie inexpressif et raide comme on a l’habitude de les voir dans les films. Or Elle Fanning n’a que treize ans, elle n’a donc pas encore assez vécu pour inventer vraiment son jeu. Pour l’heure elle ne peut que singer le jeu type des acteurs adultes qu’elle a vus au cinéma, spectatrice attentive.

De même, Super 8 de J.J. Abrams donne l’impression de chercher son identité ou son indépendance tout en ne pouvant pas faire mieux pour l’instant que de mimer parfois avec brio, parfois gauchement, un point de vue sur le cinéma et des idées d’écriture et de mise en scène qui ont du coup un air évident de famille avec ceux du producteur du film, un certain Steven Spielberg. Il reste donc à patienter pour voir si ensuite la crise d’adolescence sera douloureuse ou non, et si l’âge adulte sera d’or ou pas.—————–

Jacques Danvin

bu

———

Super 8 de J.J. Abrams (Etats-Unis ; 1h50)

Date de sortie : 3 août 2011

bub

 

Comments
  • Billy

    JJ Abrams s’est dévoilé avec Super 8 : c’est le nouvel Arsène Lupin de la franchise. Après Mission Impossible, Star Trek, le voilà qui s’attaque au teen-movie, et enfin c’est réussi !
    Voleur de prestige il l’avait déjà été avec Cloverfield mais en tant que producteur. Maintenant on peut dire que son cinéma a gagné ses lettres de noblesse, et cela en sublimant un genre que l’on croyait pourtant cantonné aux années 80.

    A vrai dire, Super 8 est bien plus qu’un hommage, c’est un hymne à l’amour du cinéma de divertissement. Ce n’est pas pour rien que tout le récit s’articule autour d’un film dans le film…
    Humour, rythme truculent, épouvante, tous les ingrédients sont réunis pour produire un cocktail absolument jouissif.

    Mais plus que tout c’est la force intrinsèque des personnages qui émerveille, leur foi. Tous croient en quelque chose, tous sont animés par une puissance, quelque chose qui les distingue profondément des autres.

    Que ce soit l’amour du cinéma, des pétards, d’une mère ou d’une femme disparue, les personnages de Super 8 vivent pour quelque chose et ça les rend beaux, malgré les appareils dentaires, les boutons, l’obésité, l’alcool ou le deuil difficile.

    Même les fantômes sont vivants chez Abrams : que ce soit la mère de Joe qui revit au travers d’un film de famille, ou celle d’Alice, simplement partie, les gens absents vivent et vibrent à travers ceux qui les ont connus.

    Pour tout cela, Super 8 n’est pas seulement un produit Spielbergien, pas seulement de l’entertainment, c’est un sacré tour de force, un pur bijou.

Commencez à écrire et validez pour lancer la recherche.