Sinistro
Interview

RevueLes cinq de Sinistro ne sont pas des pionniers. Mais ils redéfinissent le métal par petites touches sans s’enfermer dans un carcan, souvent restreint par des codes drastiques (le chant, la vitesse d’éxecution, les ambiances…). Ils ont bien voulu répondre à nos questions afin de mieux définir les contours de leur projet.

François Corda : Pour commencer, est-ce que vous pourriez me raconteur l’histoire de Sinistro ? Le groupe a démarré comme trio dans un style doom metal cinématique, puis Patricia est arrivée au chant, et enfin, aujourd’hui, vous êtes cinq sur Semente. Quels sont les événements qui ont conduit le groupe à évoluer de cette manière ?

Sinistro : Sinistro était au départ un side project. Nous jouions tous dans d’autres groupes et le projet Sinistro était juste un moyen pour nous de tester de nouvelles idées et de les mettre en forme, avec des invités. Si on revient en 2012, on était tout à fait heureux de procéder de cette manière, c’est-à-dire juste écrire de la musique et la publier via le label d’un vieil ami Portugais, Daniel Makosch, qui sentait que notre musique méritait de paraître sur le dit label, Raging Planet Records. Sur le deuxième album, on a collaboré avec Patricia et les choses sont devenues plus sérieuses, et après la sortie de Cidade, on en est tous arrivés à la conclusion qu’il était nécessaire que l’on continue ensemble. Et les choses se sont poursuivies naturellement, les gens ont commencé à s’intéresser au groupe, nous demandant de jouer live, nous proposant de travailler avec eux. Du coup on n’avait pas d’autre option que de former un groupe au sens strict du terme, c’est-à-dire avec un line-up définitif. C’est là que Ricardo M. nous a rejoint à la guitare, et que l’on a commencé à travailler sur de nouveaux morceaux et à préparer les futurs concerts.

FC : Il y a souvent des claviers en arrière plan dans votre musique. Est-ce que vous envisagez d’avoir un claviériste, au moins sur scène ?

S : On n’est pas focalisé là-dessus en ce moment, mais c’est très probable que cela arrive dans le futur.

FC : Vous venez tous du monde du métal ?

S : Certains oui, d’autres non. Mais on a tous été proches de ce milieu depuis des années donc j’imagine que la réponse serait « peut-être »… 😉

FC : Patricia, vous avez choisi de chanter dans votre langue maternelle, alors que le métal est littéralement dévoré par l’Anglais. Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à ne pas suivre ce courant ? D’autre part, le métal est souvent dédié à l’enfer, au Mal et autres damnations. De quoi parlent vos textes à vous ?

Patricia : Depuis le début, lorsque Fernando et Rick ont discuté avec moi d’une éventuelle collaboration pour l’EP Cidade, nous avons choisi le Portugais. C’est notre langue natale, et j’y suis attachée car j’y suis davantage connectée avec les mots et les sentiments que je veux exprimer. C’est plus naturel, et ce qui pouvait sembler être une barrière est devenu un avantage hors du Portugal. Les gens semblent apprécier la musicalité de notre langue (je confirme, NDLA). Les thématiques sont la plupart du temps des descriptions de faits du quotidien, le mouvement d’une ville et de leurs habitants dans Cidade, alors que dans Semente, les textes se veulent plus introspectifs, traitent des mouvements intérieurs, des doutes, des sentiments. Dans « Reliquia », il s’agit d’une histoire au sujet d’un personnage particulier… Mais de façon générale, il s’agit de la façon dont l’on voit et perçoit les choses autour de nous et l’écho qu’elles trouvent en nous.

FC : Je pense qu’il y a de multiples raisons pour lesquelles le monde du metal a besoin de Sinistro aujourd’hui. Un nouveau langage, sensuel comme peut l’être le Portugais, et une ouverture d’esprit à d’autres styles comme la pop et l’ambient. Pourrait-on considérer que Sinistro est une réaction à un style un peu renfermé, qui rechigne parfois à regarder au-delà de ses propres frontières ?

Sinistro : Non, ce n’est définitivement pas une réaction à une quelconque forme d’orthodoxie. Nous faisons ce que nous faisons parce que cela nous semble juste. On ne se voit pas coller à une formule et écrire différentes versions d’une même chanson, encore et toujours. La répétition peut avoir du bon à certaines occasions mais cela devient forcément ennuyeux après quelques temps. Season of Mist est un excellent exemple à ce titre, c’est un label qui a toujours défendu l’innovation.

FC : Etant donnée votre approche particulière du métal, il est difficile de savoir d’où vous venez musicalement. Pouvez-vous m’en dire plus sur vos influences artistiques au sens large du terme ?

S : Nous sommes des personnes différentes avec des goûts musicaux différents, et ce que nous produisons est seulement un miroir de cela. Nous pourrions citer une douzaine d’artistes et pourtant cela ne serait pas encore représentatif. Cependant, pendant la tournée, notre hi-fi joue volontiers du Air, du Funkadelic ou du Tankard, juste pour donner un petit exemple. Et, oui, nous aimons le cinéma !

FC : Vous avez beaucoup tourné l’année dernière. Quels seraient vos meilleurs souvenirs ?

S : C’est difficile de choisir ! Roadburn était une expérience renversante, et restera dans nos esprits de longues années. Notre récent concert à Paris, dans une petite salle comble, en soutien de SubRosa, était vraiment chouette aussi.

FC : Quels sont vos projets pour 2017 ?

S : Nous sommes en train de composer actuellement, et on enregistrera cette année, et puis nous avons quelques festivals cet été, et après cela nous préparerons les prochains concerts avec les nouvelles chansons.par

François Corda

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